Maintenance d’un aquarium à piranhas

Les piranhas sont des poissons très résistants, peu sensibles à la qualité de l’eau. Cependant, nous avons souvent tendance à trop les nourrir ce qui entraîne l’accumulation des déchets azotés dans l’eau. Il faut savoir que les piranhas deviennent plus agressifs et cannibales lorsque le taux de nitrate est important. De plus, les maladies dont sont parfois atteint les piranhas proviennent systématiquement d’une mauvaise qualité d’eau. Il est donc nécessaire d’effectuer une bonne maintenance de l’aquarium.

Cycle de l’azote en aquarium équilibré

Avant toute chose, il est important d’avoir une idée des transformations chimiques se déroulant dans nos bacs.

Les déjections des poissons, les débris d’aliments, les fragments de végétaux chargent l’eau en composés azotés organiques qui seront biodégradés par des bactéries spécialisées au sein du système de filtration, à condition que l’eau soit bien oxygénée.

Cette biodégradation s’effectue en trois étapes successives. Au cours de la première étape (désamination) se forme de l’ammoniac, toxique à très faible concentration. Lors de la deuxième étape (nitrosation), cet ammoniac est dégradé en nitrites de toxicité nettement plus faible. La dernière étape (nitratation) aboutit à la formation de nitrates pouvant être tolérés à d’assez fortes concentrations.

Cette chaîne de détoxication est indispensable à la vie : elle permet l’élimination des composés les plus dangereux pour nos pensionnaires en nitrates qui serviront d’engrais aux plantes

Le problème des nitrates

Les piranhas sont des carnassiers et de ce fait, de gros pollueurs. La nourriture utilisée est très polluante (poissons, viandes) et n’est pas consommée intégralement, les débris étant laissés de côté. Dans la nature, de nombreux petits poissons gravitent autour des prédateurs pour se nourrir de leurs restes mais dans nos aquariums, il est difficile de recréer cette association, la promiscuité conduisant souvent les piranhas à goûter leurs “compagnons”… Nos aquariums sont donc très pollués, ce qui est parfait pour ceux qui, comme moi, apprécient les bacs très plantés car il n’est pas nécessaire d’utiliser de l’engrais pour avoir une végétation luxuriante mais il faut rester dans le raisonnable car les piranhas ne supportent pas un taux trop élevé de nitrates, ce qui les rend particulièrement agressifs et potentiellement cannibales.

Cela s’explique par le fait que dans la nature, lors de la saison sèche, le niveau de l’eau baisse fortement entraînant une hausse des concentrations en nitrates or cette période est peu favorable aux piranhas qui ne trouvent plus rien à se mettre sous la dent et doivent affronter la concurrence de leurs congénères puisqu’il n’y a plus assez de nourriture pour pourvoir aux besoins de l’intégralité du banc. La mémoire collective de l’espèce et l’instinct poussent donc les piranhas à devenir agressifs et cannibales lorsque le taux de nitrates et/ou la température augmente.

Il faut maintenir le taux de nitrates à des valeurs acceptables. Je reste personnellement toujours en dessous de 20mg/L.

Opérations de maintenance

Changements d’eau

Les nitrates sont le produit final du cycle. Elles sont toujours en excès, les plantes ne suffiront jamais dans nos bacs à les éliminer. Alors pourquoi poussent-elles mieux avec un taux élevé dans ce cas ? La plante capte des No3- par ses racines ou par ses feuilles (plus rare) et plus il y a de No3- dans l’eau, plus il y a de chance que la plante en capte, ce n’est donc qu’une histoire de probabilité. Si nous ne faisons rien, le taux augmentera presque indéfiniment. Pour garder des paramètres corrects, il convient donc de faire des changements d’eau. Vous pouvez éventuellement investir dans un dénitrateur mais c’est vraiment un gadget dispensable dans le cadre de la maintenance des piranhas.

Il faut donc faire un changement d’eau hebdomadaire ou bimensuel de l’ordre de 10 à 25%. Pour rendre cette opération la moins fastidieuse possible, utilisez un aspirateur comme celui montré ci dessous afin d’amorcer le siphon. Profitez ensuite du volume d’eau à prélever pour siphonner le fond de votre aquarium. L’idéal est de raccorder le siphon à l’égout, ce qui simplifie grandement la vie. Si vous ne pouvez pas le faire, utilisez un seau d’une contenance moyenne de 12 litres, qui permet de limiter les allers retours tout en restant d’un poids modeste.

Pour remplacer le volume prélevé, il est souvent inutile d’utiliser de l’eau osmosée : les piranhas ne craignent pas les métaux lourds dans les normes admises pour la consommation humaine, le chlore est très volatile et le simple fait de remplir le seau en enlève une grande partie. Le seul cas ou l’osmoseur est indispensable est lorsque les nitrates dépassent 15mg/L au robinet. Les produits d’ajouts type Aquasafe sont d’une efficacité douteuse mais si vous y tenez vraiment, vous pouvez en utiliser, sachez simplement que de nombreux aquariophiles font sans. Il faut que l’eau rajoutée soit a peu près à la même température que celle du bac, il suffit pour ça de prendre le coup de main avec le mitigeur afin d’obtenir une température dans le même ordre de grandeur ou de stocker son eau dans une poubelle chauffée et brassée.

Remplir l’aquarium est assez délicats si quelques investissements n’ont pas été consenti. La technique la plus simple est aussi la plus critique, il s’agit de verser le seau dans la bac, plus ou moins lentement. C’est fatiguant voir infaisable avec les gros seau et perturbe le bac (poissons et décors). La deuxième consiste à trouver un endroit plus haut que la surface de l’aquarium pour y placer le seau, ne reste plus ensuite qu’à amorcer un siphon. La troisième nécessite l’usage d’une pompe : le seau est placé sur une chaise et une pompe sert à amener l’eau dans le bac. La quatrième est la plus pratique : utiliser un tuyau d’arrosage raccordé au robinet, il suffit juste de faire attention à la température de l’eau. Si l’accent est porté dans cette rubrique sur le confort de l’aquariophile c’est car l’expérience montre qu’une personne mal équipée rechignera à faire des opérations de maintenance et en repoussera l’échéance au maximum, conduisant souvent à des catastrophe.

Comme dans tout aquarium, il faut retirer les cadavres immédiatement ainsi que les restes importants des repas. Il faut également retirer le plus rapidement possible les plantes mortes, les feuilles coupées et tailler les parties malades des plantes.

De temps à autres, il convient de vérifier ses paramètres physico-chimiques. A ce sujet, il est primordial de savoir que les tests vendus pour l’aquariophilie ne sont pas fiable pour les grandes valeurs ! Ces tests ne sont valables que pour mesurer une petite concentration, au delà, les valeurs varieront d’une marque à l’autre voir même d’un test à l’autre avec le même réactif. Il ne faut donc pas s’inquiétez outre mesure si vos tests indiquent une hausse de 5mg/L depuis la veille. En sachant cela, il est utile de faire confiance à une seule marque et de faire des tests même lorsque tout va bien. Ainsi, en cas de problèmes, à défaut de connaître les concentrations exactes, vous saurez si vos paramètres on varié par rapport à l’état “normal” du bac. Si vous ne testez votre eau qu’en cas de problèmes, vous ne saurez pas interpréter les résultats. Il faut privilégier les tests calorimétrique aux bandelettes. Les commerçants proposent des kits complets avec plusieurs tests qui sont souvent inutiles dans notre cas puisqu’il suffit d’avoir un test nitrite et un autre pour les nitrates. Même le test PH n’est pas pas obligatoire pour les piranhas d’élevages.

Entretien du filtre

Deux cas de figures sur ce sujet : les pygocentrus et les serrasalmus. Si vous possédez un banc de pygocentrus, vous devrez nettoyer votre filtre régulièrement car la pollution engendrée est importante comparé au volume du bac. Au contraire, si vous êtes le propriétaire d’un serrasalmus solitaire et doté d’un filtre correct, les opérations de nettoyage peuvent être considérablement espacée dans le temps car la pollution engendrée par le poisson est certes importante mais facilement réglée par le volume important nécessité par ces poissons. Dans tous les cas, il faut avoir un filtre qui ne soit pas trop encrassé et débitant un volume horaire correct. Chaque modèle demandera une fréquence de nettoyage différente, à vous de la trouver. Lorsque vous nettoyez les masses filtrantes, il ne faut pas les lessiver sous peine de détruire la colonie bactérienne qui y est installé, ce qui peut déséquilibrer le bac en perturbant voir cassant le cycle de l’azote. Les filtres extérieurs sont souvent pénible à nettoyer mais il ne faut pas autant en repousser l’entretien.

Lutter contre les algues

Plus qu’avec tout autre poisson, un aquarium peuplé de piranhas peut devenir une soupe d’algues. Ce phénomène n’est pas grave pour les poissons qui préfèrent même avoir une vitre frontale recouverte d’algues puisque cela les sécurisent et les protégent de l’agitation ambiante. Par contre, observer nos poissons dans ces conditions n’est pas forcément l’idéal…

Pour limiter la prolifération des algues, il est important de maintenir les composés organiques à des valeurs faibles. Mais surtout, il faut obtenir une saturation du milieu en oxygène. La photosynthèse des algues ne peut pas avoir lieu en présence de trop d’oxygène, leurs chloroplastes étant fermés. Il est donc finalement relativement simple  de ne pas avoir d’algues. Pour éviter leur apparition, il suffit de brasser la surface de l’eau, de limiter la température à 24°C (l’oxygène dissous étant plus important à basse température) et d’utiliser des plantes à croissance rapide type valisnéria.

Pour lutter contre une invasion importante, il faut en retirer manuellement le plus possible, nettoyer les feuilles des plantes, utiliser un oxydator qui relâche de l’oxygène pur dans l’eau et faire d’important le changement d’eau. Le but étant d’aider les plantes à reprendre le dessus sur les algues.

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